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Rubrique Orthographe

Une bibliographie - Etude de la langue, orthographe

Le 9 mars 2012

- Brissaud Catherine, Cogis Danièle, (avec une contribution de Jean-Pierre Jaffré, Jean-Christophe Pellat, Michel Fayol) Comment enseigner l’orthographe aujourd’hui, Hatier, Enseigner à l’école primaire

Pratiquez-vous le remue-méninge orthographique, la dictée sans erreurs, l’atelier de négociation graphique, la phrase donnée du jour, la dictée sur ordinateur, la production écrite à contrainte ?… Si c’est le cas, vous pouvez peut-être vous passer de ce livre dont le titre laisse entendre l’ambition : armer les enseignants pour plus d’efficacité.

Le défi est de taille. Les performances des élèves, du moins en orthographe grammaticale, ont baissé depuis une vingtaine d’années, comme le montre une recherche rappelée dans l’ouvrage : les élèves de 6e ont les performances de ceux de CM2 des années 80, ceux de 4e ceux des élèves de 6e de l’époque. Rien ne sert cependant de pleurer un prétendu âge d’or ni de demander un retour aux méthodes d’autrefois. La durée que l’on peut consacrer aujourd’hui à l’enseignement de l’orthographe n’est plus la même et il s’agit avant tout de rationaliser cet enseignement.

Or nous disposons aujourd’hui, pour jeter les bases d’un enseignement raisonné et efficace, d’une série de connaissances issues de la recherche et de propositions didactiques, capitalisées et systématisées dans cet ouvrage. Des connaissances linguistiques sur la description du système orthographique du français, complexe, mais cohérent. Des connaissances psycholinguistiques sur la manière dont les enfants s’approprient ce système. Des connaissances historiques sur les évolutions de l’orthographe française et sur les traditions d’enseignement dont nous sommes les héritiers dans le domaine. Des propositions didactiques novatrices aussi, comme celles que nous évoquions dans les premières lignes de ce compte-rendu, novatrices encore aujourd’hui même si certaines d’entre elles remontent aux années 70. Cet ouvrage livre aux enseignants des solutions concrètes. Mais des solutions qui ne valent que parce que leur logique est explicitée par les savoirs de référence présentés.

L’ouvrage se déroule en trois grands parcours. La première partie énonce des principes. Les auteures s’y appuient sur des productions d’élèves, aident à réfléchir sur celles-ci, montrent comment les erreurs nous aident à voir des états des représentations orthographiques des élèves. Elles expliquent notamment ce qu’est une progression (par opposition à une simple répartition des contenus à enseigner), montrent comment évaluer les progrès des élèves, analysent les impasses auxquelles on arrive lorsqu’on privilégie les tâches mécaniques… Elles fixent des repères et présentent une typologie d’activités pour apprendre.

La deuxième partie offre des approfondissements sur plusieurs questions abordées dans la première partie : l’économie de l’orthographe, entre norme et usages, les processus cognitifs d’acquisition, les aspects historiques. La troisième partie, la plus volumineuse, propose douze « cartes », douze propositions de travail pour enseigner douze notions importantes. Certaines concernent le mot et ses graphèmes, d’autres la phrase et les accords, les dernières le texte. Ce sont des séquences progressives et rigoureuses, où les activités, variées et inventives, sont en outre de nature à donner aux élèves le gout des mots. De ce point de vue, les conceptions concrétisées par ces activités devraient concourir, comme le souhaitent les auteures, à sortir l’orthographe de sa réputation de discipline épouvantail.

Saluons donc la réussite de ce bel outil de formation (et d’autoformation), qui va rapidement devenir une référence indispensable.

Jacques Crinon (Présentation les Cahiers pédagogiques)

- Tisset Carole, Enseigner la langue française à l’école – La grammaire, l’orthographe et la conjugaison, Hachette éducation, 2010

L’enseignement de la grammaire est éclairé par des regards croisés sur l’histoire des notions, la position actuelle des chercheurs, le degré de conscience méta-réflexive des élèves. L’ouvrage se présente comme un outil de formation disciplinaire sur les « savoirs savants » et un outil pédagogique qui propose des démarches professionnelles. (Présentation CDDP 44)

Pour aller plus loin :

- Cogis Danièle, Pour enseigner et apprendre l’orthographe, Delagrave, 2005

Il est habituel aujourd’hui de ne publier à l’usage des enseignants que des livres brefs. L’ouvrage de Danièle Cogis est à cet égard à contre-courant et c’est heureux. Car elle nous propose en 430 pages denses, mais écrites de manière limpide et toujours accessible, une somme d’informations et un outil efficace, où rien n’est inutile.
Danièle Cogis, qui est maître de conférences à l’IUFM de Paris, conduit depuis longtemps des recherches en linguistique de l’acquisition sur la genèse des connaissances orthographiques des enfants ainsi que sur la didactique de l’orthographe. Elle s’est forgé, à travers cette expérience, quelques convictions fortes qui donnent son ossature intellectuelle à l’ouvrage. L’orthographe est une composante importante de la langue écrite et de son apprentissage ; son acquisition nécessite une attention constante, en situation, à la forme de ce qu’on écrit, même si écrire ne se réduit pas à orthographier, comme le montrent par exemple les pratiques de dictée à l’adulte. Mais maîtriser l’orthographe ne résulte pas d’une absorption passive des formes. Le scripteur novice se construit un système cohérent de connaissances et même de conceptions. Les erreurs orthographiques ne sont pas toujours dues à des ignorances, elles proviennent souvent de conceptions partielles ou erronées qui font obstacle à l’apprentissage. C’est pourquoi apprendre l’orthographe ne va pas sans travail sur les représentations préalables. On connaît bien, depuis Bachelard, le rôle de ces obstacles épistémologiques dans l’apprentissage et les didacticiens des sciences ont amplement vulgarisé la notion.
Ne donnons qu’un seul exemple de l’intérêt pour l’enseignant de travailler à partir des conceptions sous-jacentes des élèves. La confusion est fréquente, chez les écoliers et encore au collège, entre les homophones grammaticaux on et ont. Confusion traitée tout au long de la scolarité, de manière récurrente, comme une confusion entre un pronom et le verbe avoir. Les manuels abondent en leçons où, à l’instar du Bled, on fait remplacer on par l’homme et ont par avaient. Mais, quand on demande aux élèves de réfléchir sur ce qu’ils ont écrit et de justifier une production, ceux-ci diront par exemple, comme Céline (CE2) : « Ont l’appelait la Belle parce qu’il y a plusieurs gens qui l’appellent la Belle, on met - nt, c’est le pluriel. » La confusion n’était pas là où on le croyait.
Après un chapitre synthétique présentant l’orthographe française, une orthographe mixte qui combine et relie principe phonographique (transcrire l’oral), principe morphologique (familles de mots, règles d’accord), principe distinctif (distinguer les homophones) et principe étymologique, une seconde partie, plus longue, de l’ouvrage est consacrée à l’acquisition de l’orthographe. Description fondée sur une somme d’observations qui mettent pour ainsi dire sous les yeux du lecteur l’évolution des représentations des enfants.
On voit ainsi, par exemple, comment se constituent les catégories grammaticales. Car le problème n’est pas tant pour les élèves de savoir qu’il faut mettre un s au pluriel de l’adjectif que de repérer les adjectifs. À partir de quels traits, de quel « prototype » construisent-ils la classe abstraite des adjectifs ? La notion de pluriel elle-même est une conquête cognitive. Absence d’abord de prise en compte de la variation en nombre, puis recours à une procédure morphosémantique où la notion de pluriel est confondue avec celle de pluralité (de la nourritures : « J’ai mis s parce qu’il y en a plusieurs »), enfin procédure morphosyntaxique (« j’ai mis s parce qu’il y a les devant »).
La dernière partie de l’ouvrage est consacrée à la didactique. Elle se structure autour de trois pistes de travail.

  •  Faire écrire des textes : l’orthographe est intégrée à l’activité d’écriture. Outre les aspects cognitifs de cet apprentissage, et l’importance soulignée des synthèses et des bilans à portée métacognitive, celui-ci est aussi vigoureusement posé comme un apprentissage langagier, qui engage bien d’autres enjeux : « aider chacun à devenir un sujet écrivant reconnu », plutôt que de stigmatiser les difficultés.
  • Faire découvrir le système orthographique dans sa cohérence à travers des « chantiers » spécifiquement dédiés à ce but.
  • Faire évoluer les conceptions orthographiques des élèves, par des pratiques comme « la phrase dictée du jour » ou « la phrase donnée du jour ». Propositions resituées dans le contexte plus large d’une étude de la langue fondée sur son observation réfléchie. Dans les passages qui explicitent les manières de mener les séances, se dessinent avec clarté des moyens pour éviter deux écueils symétriques et fréquents : énoncer d’emblée le savoir visé et faire comme si les connaissances étaient spontanées chez les élèves et qu’il suffisait de les interroger pour mettre celles-ci à jour. Les connaissances sur la langue sont au contraire le résultat d’une construction qui nécessite l’observation et la manipulation de corpus ainsi qu’un patient travail de transformation des conceptions antérieures non pertinentes.

Remercions donc l’auteur de ce livre magistral d’avoir su mettre à la disposition du plus grand nombre, de manière aussi claire, structurée et opérationnelle, un ensemble de recherches linguistiques et didactiques qui n’avaient pas jusque-là été rassemblées de cette manière.

Jacques Crinon (Présentation les Cahiers pédagogiques)

Fayol Michel, Jaffré Jean-Pierre, Orthographier, PUF, 2008

L’ouvrage s’appuie sur les recherches récentes pour expliciter le complexité de l’orthographe du français et montrer que les difficultés relèvent de domaines différents (phonographie, lexique, morphologie) qui ne peuvent être traités de manière semblable. Les apports de la linguistique et de la psycholinguistique permettent de poser les questions liées à l’apprentissage, à l’habileté nécessaire à chacun de ces domaines et aux possibles interventions pour améliorer les performances et les connaissances. (Présentation CDDP 44)

Pellat Jean-Christophe, Quelle grammaire enseigner ?, Hatier, 2009

L’objet de l’ouvrage est d’apporter à l’enseignant de l’école primaire des compléments de connaissances en grammaire pour l’aider à préparer ses séances d’étude de la langue. Il propose d’abord une réflexion sur les rapports entre grammaire et linguistique et sur l’évolution des programmes de l’école primaire. Puis il présente des clarifications de notions : grammaire de phrase, grammaire de texte et analyse du discours, orthographe et ponctuation, lexique. (Présentation CDDP 44)